Interview de Mario Varvoglis

Président de l'Institut Métapsychique International ( I.M.I. ), Paris

 

Où en est la recherche en Europe ?
 

Il y a plusieurs programmes en cours en Grande-Bretagne, en Ecosse, en Allemagne et aux Pays-Bas, qui sont les pays les plus actifs avec les Etats-Unis. L'Italie, l'Espagne et le Portugal sont plutôt au même niveau que la France, il s'y passe des choses disons plus secondaires.

Actuellement, les orientations sont surtout centrées sur la Perception Extra-Sensorielle (PES, cf. glossaire) avec une volonté de l'étudier à des niveaux qualitatif et physiologique.

Par exemple, les recherches sur la " précognition " s'effectuent aujourd'hui avec des capteurs physiologiques, pour observer une réaction précognitive à un stimulus donné, une pré-réaction. Ces expériences sont liées à des travaux " mainstream " comme ceux d'Antonio Damasio ou de Benjamin Libet, sur " l'inconscient cognitif ". Il s'agit là d'un champ où la recherche en parapsychologie rejoint des recherches plus classiques. Ces domaines qui concerne le traitement inconscient de l'information sont relativement bien investigués actuellement car il existe des modèles. Le terrain est donc favorable à une collaboration avec des chercheurs engagés dans des recherches sur la conscience. La nouveauté est qu'il a suffi d'ajouter un petit élément, c'est-à-dire commencer les mesures un peu avant un stimulus donné. Donc ces protocoles s'intègrent très facilement à des programmes existants. (cf. Interview de Dick Bierman) Ces recherches donnent déjà des résultats très intéressants.

Le deuxième exemple, c'est le " ganzfeld " (cf. glossaire). C'est un protocole qui est devenu les " cartes zener " des années 90. Il s'agit d'utiliser certains états de conscience légèrement modifiés pour voir si cette isolation sensorielle augmente la détectabilité cognitive d'un signal psi. La notion de signal est à prendre au sens métaphorique. Le récepteur semble devenir plus sensible et plus capable de décrire des informations d'une image captée à distance. Il y a suffisamment de résultats significatifs pour que plusieurs laboratoires s'impliquent dans ce protocole.
L'IMI va démarrer un tel programme, d'autant que j'ai fait partie des concepteurs de ce protocole, il a donc en quelque sorte ma préférence. Il s'agit de recherches dans le domaine de la télépathie, mais il y a plusieurs variantes : on peut travailler avec un émetteur - une personne qui " envoie " une image -, ou sans émetteur, dans un contexte de " clairvoyance " ou de précognition. On peut travailler avec des sujets doués mais le ganzfeld a été fait pour travailler avec n'importe quelle personne qui soit simplement volontaire.

Troisième exemple : les expériences de " Remote Staring ". Il s'agit toujours d'un protocole impliquant deux personnes, mais dans une orientation non plus " télépathique ", mais plutôt " psychokinétique ", en ce sens qu'une personne cherche à influencer l'état physiologique d'une autre à distance. On mesure des indicateurs comme la conductivité de la peau, ou d'autres qui rendent compte d'une modification éventuelle de la physiologie de la personne. L'agent tente de modifier cet état en se concentrant sur l'image de la personne, projetée sur un écran. L'influence est détectée à ces instants précis, lorsque l'agent regarde intensément l'image (de l'anglais " to stare at "), et est absente lors des mesures contrôles.
Ces recherches sont liées à celles conduites en particulier aux Etats-Unis sur les effets de la prière sur la guérison, et d'une façon générale sur la possibilité d'influencer l'état physiologique d'une personne (par exemple augmenter la fertilité).
Cette expérience marche de façon significative, notamment en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, à la suite des travaux de Rupert Sheldrake sur " la sensation d'être observé ". Ce type d'effet est désormais étudié dans de très bonnes conditions de contrôle expérimental.

 
Les Etats-Unis toujours pionniers ?
 
Il y a beaucoup de recherches appliquées : les effets de la prière, la conscience, etc. Certains labos sont très expérimentaux comme ceux financés par l'Institute of Noetic Sciences (Fondé par l'ex-astronaute Edgard Mitchell) : le Global Consciousness Project, les travaux de Dean Radin, etc. Ces recherches restent globalement en dehors de " l'establishment scientifique ", elles ne sont pas " habituelles ". Les ressources ne sont pas énormes, et il y a peu de labos donc peu d'étudiants.
L'intégration conceptuelle est en revanche plus facile, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, dans le cadre des travaux sur la conscience, le " mind/matter problem " (la relation esprit-matière), qui ont pris de l'ampleur au cours des quinze dernières années. L'approche réductionniste est plutôt en retrait et donc ce qui a trait à la conscience, y compris dans le domaine " parapsychologique ", n'est plus systématiquement tourné en ridicule comme c'était le cas. C'est une évolution majeure au plan conceptuel. Une véritable reconnaissance du fait que la question de la conscience est un vrai problème. Cela va de pair avec des observations en physique qui ont un lien au moins métaphorique avec la parapsychologie. Je pense aux notions de non-localité, de non-séparabilité. Des passerelles théoriques ont déjà été entreprises, il y a là une ouverture.
 
Et en France ?
 
Il faut fédérer les chercheurs isolés, c'est le rôle que l'IMI veut se donner. Et aussi donner un contexte de travail à des étudiants, diriger des thèses, etc., expliquer au grand public qu'il y a plus à savoir que ce qu'en disent certains médias… Il est malheureux que des personnes qui sont soit mal informées, soit mal intentionnées, probablement un peu des deux, s'érigent en porte-parole sur ces questions. C'est unique dans l'Histoire qu'un domaine scientifique qui respecte les méthodologies reconnues de la science expérimentale, en usage dans d'autres domaines, soit jugé par des personnes totalement extérieures au domaine en question. Le pire est que ces personnes ne font absolument pas l'effort de chercher à maîtriser ce domaine avant d'en parler.
Plusieurs facteurs historiques et philosophiques font que cette tendance est peut-être plus prononcée en France qu'ailleurs. On cite le cartésianisme, qui est différent des idées de Descartes lui-même. Il y a aussi l'effet d'une démarche, universitaire notamment, qui confond laïcité et anticléricalisme. A ce titre la parapsychologie est rejetée pour sa parenté avec le surnaturel, donc avec la foi. C'est absurde car la parapsychologie scientifique cherche précisément à sortir du miraculeux, au sens ou celui-ci ne serait pas surnaturel mais simplement humain.
L'IMI veut être un lieu à la fois physique et symbolique pour permettre un dialogue et une approche rationnelle plutôt que rationaliste.
 
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RÉFÉRENCES

VARVOGLIS (Mario), ROBIN (Marie-Monique). Le Sixième Sens. Science et Paranormal. Editions du Chêne, 2002.
Un ouvrage abondamment illustré qui présente les phénomènes et les travaux scientifiques de façon très complète.

Site web :http://www.metapsychique.org/

 

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