Il y a quelques années, sur un plateau de télévision, le Professeur Chauvin et moi avons été vivement agressés par le journaliste François Cavanna . Nous nous sommes entendus traiter de complices des charlatans du paranormal sous le prétexte que nous déclarions que certaines personnes sont effectivement capables de produire des phénomènes parapsychologiques.
Que l’on nous colle cette accusation sur le dos pose un problème qui n’est pas propre a la parapsychologie : les physiciens nucléaires sont-ils responsables de Tchernobyl ? Encore faudrait-il que eux qui s’en prennent a nous aient quelque titre a le faire. Cavanna ayant montré, durant le reste de l’émission, que ce n’était pas son cas laissons, momentanément, son réquisitoire de côté et intéressons nous à une autre question. Nous autres, chercheurs en parapsychologie, devons nous nous investir dans la lutte contre les escrocs de la voyance et autres aigrefins de cet acabit ? Mon opinion est que nous ne sommes pas plus concernés que n’importe quel autre individu : combattre l’exploitation de la détresse morale, par les prétendus médiums, est un choix éthique. S’opposer à la prolifération du charlatanisme parce qu’elle est l’une des manifestations de la dérive sociale vers l’irrationnel ( les pseudo - praticiens de l’occultisme pullulaient dans l’Allemagne pré - nazie).en constitue un second.
Si ces choix ont été ceux d’une large majorité de chercheurs, depuis l’origine de la parapsychologie, nul ne refusera de reconnaître que les sceptiques affichent les mêmes objectifs pour les mêmes raisons. En pratique, et pour s’en tenir à la France, on ne peut que constater que ces sceptiques s’en prennent surtout aux parapsychologues. Pour citer un seul exemple Nice a longtemps abrité une des plus importantes entreprises de voyance par téléphone et j’aimerai être démenti quand j’écris que le Laboratoire de Zététique de cette ville n’en a pas perdu le sommeil pour autant. Lutter contre le charlatanisme ce n’est malheureusement pas porter des attaques ad hominem contre ceux dont on ne partage pas les opinions scientifiques, c’est écouter les victimes, alerter la presse et la Justice. Toutes activités courantes chez les parapsychologues. Et chez les sceptiques ?
A cela s’ajoute le fait qu’en rabâchant "circulez y a rien a voir" les sceptiques ne connaissent le succès qu’auprès de soi - disants esprits forts qui ne sont en réalité que désinformés. Ils n’ont aucune crédibilité aux yeux d’une grande partie de la population, celle qui ignore le nom d’un Prix Nobel de Physique fut-il médiatisé. Cette masse ne retient que le rêve prémonitoire d’un proche parent, l’action positive d’un guérisseur, la réussite régulière d’un radiesthésiste ou d’un sourcier et écoute les imposteurs parce qu’ elle a l’impression que la communauté scientifique affiche son indifférence ou son mépris.
On peut donc, finalement , revenir à l’accusation de complicité… pour la retourner. Il suffit qu’à la suite d’un banal incident de circulation un policier demande aux badauds de se retirer pour que les pires rumeurs se répandent. De même en s’acharnant à maintenir un vide scientifique autour de la parapsychologie les sceptiques contribuent à laisser le champ libre aux charlatans. [1] Bien entendu il ne s’agit pas de complicité objective mais c’est ainsi.
Sur le livre et le film "Les chèvres du Pentagone" on consultera, avec profit, la critique disponible sur le site de l’Institut Métapsychique : http://www.metapsychique.org