Force est de constater – dans le prolongement de certaines de mes chroniques précédentes - que « parapsychologie » et ses déclinaisons figureraient en bon rang si l’on dressait un Palmarès des Mots Dévalués ou Détournés.
Qu’est ce en effet qu’un(e) parapsychologue dans l’esprit du public français ? Très souvent un praticien de la parapsychologie donc, pour les uns, un charlatan, nommé aussi « médium », « voyant »…, bien décidé à exploiter la détresse de ses concitoyens ou, pour les autres, un personnage doté de pouvoirs dont la nature et les mécanismes échappent à la science et n’ayant qu’un but dans l’existence : utiliser ces possibilités étranges pour aider les pauvres humains. Un individu capable ou s’en prétendant (toujours selon le son de la cloche vers laquelle on tend l’oreille) de connaître l’avenir et le passé d’une personne rencontrée pour la première fois, de guérir des maladies devant lesquelles la médecine reste impuissante, de communiquer avec les « esprits » des morts voire de provoquer l’apparition fantomatique de l’un de ceux qui nous ont précédés dans la tombe. [1]
Et ailleurs ? Aux Etats-Unis, en Allemagne, en Grande – Bretagne, en Hongrie, aux Pays – Bas, en Suède… ou en Argentine, au Japon… un parapsychologue est un scientifique, souvent un universitaire tout comme un biologiste. Un scientifique qui étudie quoi ?
Pour répondre à cette question un détour s’impose. Les phénomènes dont nous venons de donner une idée sont mentionnés depuis le début des temps historiques. Présents dans les légendes mais pas seulement (par exemple lettre de Pline racontant une histoire de fantôme) ils sont longtemps restés cantonnés dans le domaine du surnaturel, un domaine dans lequel, par définition, la raison humaine ne pénètre pas. Puis, vers 1850 est né le spiritisme [2], une religion dont la doctrine attribue la connaissance de l’avenir, les apparitions et autres merveilles, à l’intervention des morts ou plus exactement de leurs « esprits ». La doctrine spirite ajoute que rien de tout cela ne peut advenir sans un intermédiaire, un être humain capable d’établir la relation avec l’au-delà, un « médium ». Si chez vous les tableaux oscillent, le « Home Cinéma » se met en marche sans que quelqu’un s’en approche ou le piano joue seul, c’est, pour le spiritisme, qu’un mort hante votre maison donc qu’un membre de votre famille est « médium » [3] sans le savoir.
La science n’a pas à prendre parti à propos d’une doctrine religieuse. Elle a pour tâche de chercher à comprendre l’être humain et son environnement. La parapsychologie est donc née de la volonté d’étudier rationnellement les phénomènes supposés se produire en présence des médiums spirites.
Commencée il y a presque 160 ans l’aventure se poursuit, faite d’austères expériences de laboratoire et de spectaculaires enquêtes sur le terrain. Quel est le bilan ? La réalité objective de certains phénomènes est-elle établie comme le prétendent ceux qui se qualifient eux-mêmes de "tenants" ? Le dossier, au contraire, est-il vide, archi-vide et voué à le rester ainsi que l’affirment bruyamment les « sceptiques » ? Si la position prise sur ce site est claire et tranchée le débat, lui, n’est pas clos. Il tourne malheureusement trop souvent à la rixe de voyous. Ce pourra être le sujet d’autres chroniques.