PARAPSYCHOLOGIE / Historique de la parapsychologie
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Depuis les débuts de l'époque historique, des témoignages
ont rapporté la description de phénomènes dont la
réalité objective semblait incompatible avec une interprétation
rationnelle de ce qui conduisait à leur donner un sens à
travers des doctrines religieuses. On qualifie aujourd'hui ces phénomènes
de paranormaux dans la mesure où la méthode expérimentale
permet de constater leur existence mais où il n'existe pas de théorie
scientifique en rendant compte (certains cas d'OVNI en sont de bons exemples).
A partir de 1850, une religion, le spiritisme, "inventée" au U.S.A.,
a connu une croissance rapide dans tout le monde occidental et est même
devenue un mouvement de masse avant de régresser très rapidement
vers 1940 Dès 1853, le célèbre physicien Faraday fournissait
une explication du mouvement des "tables tournantes" tandis que durant
les décennies suivantes se développait l'étude du
comportement des "médiums", personnes qui, selon le spiritisme,
sont capables de produire des phénomènes parapsychologiques
intenses. Plus encore ce même Richet, dans les années 1880, a proposé le premier de s'intéresser non plus aux "médiums" et aux manifestations spectaculaires, mais de tenter de mettre en évidence les phénomènes parapsychologiques chez tout un chacun à l'aide d'une méthodologie utilisant l'analyse statistique et le raisonnement probabiliste. Ce faisant il ouvrait une voie de recherches qui devait se révéler extrêmement féconde mais en même temps il posait que les phénomènes parapsychologiques ont pour origine des facultés naturelles de l'homme dissipant définitivement, il y a désormais plus d'un siècle, toute confusion avec le spiritisme.
Les premières expériences, au sens le plus strict, de parapsychologie ont porté sur les phénomènes dénommés communément "voyance" et "télépathie" et ont été réalisées aux Universités de Stanford et Harvard entre 1915 et 1917. Il s'agissait d'expériences de choix forcé avec des cartes exploitant l'idée de Richet mentionnée ci-dessus. Les chercheurs américains prenaient ainsi une position de leaders qu'ils n'ont pas quitté depuis, et c'est pourquoi on s'en tient essentiellement ici à leurs activités. A partir de la rentrée universitaire 1927, le biologiste et psychologue
Joseph Banks Rhine développe des programmes expérimentaux
à la Duke University de Durham (Caroline du Nord) et c'est dans
cet établissement qu'il prit la direction du premier laboratoire
institutionnel de parapsychologie en 1930. Rhine qui collaborait étroitement avec son épouse Louisa, poursuivit ses activités jusqu'à son décès en 1980. Son apport est l'un des plus considérables de l'histoire de la parapsychologie scientifique aussi bien sur le plan des concepts - directement inspirés par la psychologie expérimentale - que sur ceux de la méthodologie - caractérisée par l'usage pertinent et novateur de la statistique - et des résultats : c'est Rhine qui le premier a mis en évidence des paramètres susceptibles de favoriser ou d'inhiber le phénomène. Sa carrière et ses travaux sont présentés en détail dans les ouvrages cités en bibliographie. En France en 1919, le mécène Jean Meyer fondait puis finançait
largement l'Institut Métapsychique pour permettre à Charles
Richet et ses collaborateurs de disposer d'un outil de travail performant.
Contrairement à l'école américaine qui, on vient
de le lire, privilégiait les investigations quantitatives, l'Institut
Métapsychique a d'abord poursuivi des études de cas et ce
avec un succès certain.
A partir de 1960, les chercheurs américains ont ressenti le besoin de dépasser la problématique "in vitro" de Rhine pour se situer dans une perspective éthologique. Rhine ayant mis en évidence de manière définitive la réalité des phénomènes, il devenait nécessaire d'étudier ceux-ci "in vivo". On se contentera ici de quelques brèves indications sur les principaux travaux américains des 25 dernières années car ces travaux sont présentés en détail dans l'ouvrage fondamental de Richard Broughton récemment traduit en français. Jusqu'en 1978 Montague Ullmann et Stanley Krippner ont réalisé au Maimonides Hospital de New-York des expériences sur la télépathie en état de rêve. A partir de 1974 au Stanford Research Institute, les physiciens Harold Puthoff et Russel Targ ont conçu et réalisé avec succès des expériences dites de "vision à distance" qui ont donné lieu à plusieurs publications dans la célèbre revue scientifique "Nature" en 1980 et 1981, puis ont été reprises ultérieurement dans le cadre du programme "Stargate" financé et contrôlé par la C.I.A. (résultats significatifs publiés en 1995, analysés et discutés en 1996 dans le "Journal of Scientific Exploration" et dans le "Journal of Parapsychology") En 1969, le physicien Helmut Schmidt a introduit l'utilisation des générateurs aléatoires dans le cadre des recherches en parapsychologie effectuées à Seattle dans le laboratoire de recherches de la société aéronautique Boeing. Depuis 1980, le doyen de la Faculté d'Ingénierie de l'Université de Princeton, Robert Jahn dirige le Princeton Engineering Anomalies Research Laboratory dont les expérimentations utilisent l'informatique. A la même époque au Psychophysical Research Laboratory de la Mac Donnell Fondation Charles Honorton (prématurément décédé en 1992) introduisit la méthode Ganzfeld de privation sensorielle et se montrait ainsi le plus brillant chercheur en parapsychologie de sa génération. On ne saurait oublier le débat agité autour du "tordeur
de métal" Uri Geller à partir de 1974. Enfin, c'est au cours des deux dernières décennies qu'a débuté l'étude des phénomènes dits "out the body experiment" et "near death experiment" et que Ian Stevenson (Université de Virginie, Charlottesville) a publié ses travaux ethnologiques sur les récits dits de "réincarnation". En Europe actuellement, les principales équipes de recherches universitaires se trouvent à Edimbourg, Amsterdam, Fribourg et Reykyavik. En France des expérimentations originales ayant pour but la mise
en évidence de phénomènes parapsychologiques chez
l'animal ont été réalisées en 1968 par R.
Chauvin, de 1978 à 1982 par B. Thouvenin, et depuis 1987, par R.Péoc'h.
Le terme de méta-analyse a été introduit par le psychologue et statisticien Gene Glass (Université du Colorado) pour désigner l'étude globale, effectuée à l'aide d'une technologie statistique nouvelle l'"effet-size", d'un ensemble de replications expérimentales quantitatives et non significatives. L'ouvrage de base est celui de Robert Rosenthal (Université de Harvard) : Meta-analytic procedures for social research (2è édition 1991. Sage ed., Newbury Park, CA). La méta-analyse des expérimentations utilisant le procédé Gansfeld a été à l'origine d'une discussion extrêmement rigoureuse et dépourvue de tout esprit polémique. Ce débat, qui a opposé principalement Honorton et le psychologue Ray Hyman connu pour la qualité de ses critiques de l'expérimentation parapsychologique, a permis de nombreuses publications scientifiques dont un article signé en commun par Honorton et Hyman en 1986. Il est présenté dans le livre de Richard Broughton et dans le rapport de stage de David Leloup Méthodologie Statistique appliquée à la Parapsychologie. Ses conclusions ont amené les auteurs (Rita L. et Richard C. Atkinson, Edward E. Smith et Daryl J.Bem) d'un ouvrage universitaire américain classique : Introduction to Psychology (Harcourt Brace Jovanovich ed., San Diego, CA) à consacrer un chapitre à la parapsychologie scientifique à partir de la 10è édition (1990). |